L’évasion spectaculaire de 47 détenus, survenue lundi 11 août à la prison centrale d’Idiofa, dans la province du Kwilu, met une fois de plus en lumière l’état de délabrement avancé des infrastructures pénitentiaires en République démocratique du Congo.
Selon la société civile locale, les prisonniers, entassés dans une cellule exiguëe, souffraient d’un étouffement quasi permanent. Profitant de la fragilité des murs en briques adobes datant de 1937, ils ont percé un grand trou et se sont évadés, échappant à la vigilance – ou à l’absence – du policier de garde, introuvable depuis l’incident.
« Ce bâtiment n’est même pas digne d’être appelé prison », dénonce Arsène Kasiama, coordonnateur de la Nouvelle société civile d’Idiofa. « De toutes les autorités nationales et provinciales qui passent à Idiofa, aucune n’a pris le temps de visiter la prison centrale. La construction d’une nouvelle prison est une urgence absolue. »
Certes, érigée à l’époque coloniale, la prison centrale d’Idiofa n’a jamais bénéficié des travaux majeurs de réhabilitation. Conçue pour accueillir un nombre limité de détenus dont 104 prisonniers, avant l’invasion. La majorité n’avait pas encore été jugée. Les conditions de détention, marquées par la surpopulation, l’absence d’hygiène et la vétusté des infrastructures, sont dénoncées depuis des années par les organisations locales.
La prison d’Idiofa illustre un problème bien plus vaste : à travers le pays, les prisons congolaises souffrent d’un manque chronique d’investissement, d’entretien et de suivi. Cette situation favorise non seulement les évasions, mais compromet également les droits fondamentaux des détenus, souvent incarcérés dans des conditions contraires aux normes internationales.
En attendant une réforme structurelle du système pénitentiaire en RDC, les évasions massives risquent de se répéter, mettant en péril la sécurité publique tout en révélant l’échec d’un pan entier de la politique judiciaire.
Yasmine Aemwa Ibango
