Mali : Le Président de la transition Assimi Goïta suspend « temporairement » tous les partis politiques

Un décret lu ce mercredi à la radiotélévision nationale malienne a annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre pour raison d’ordre public » de toutes les activités des partis politiques et des associations à caractère politique sur l’ensemble du territoire malien.

Cette décision, signée par le chef de la junte au pouvoir, le général Assimi Goïta, marque une escalade significative dans la restriction des libertés et de l’espace civique dans le pays.

Cependant cette mesure intervient dans un contexte de tensions croissantes. Une coalition d’une centaine de partis politiques avait récemment appelé à manifester ce vendredi pour protester contre la possible dissolution des partis et exiger un retour à l’ordre constitutionnel. Cette coalition, formée en réponse à l’abrogation récente de la loi encadrant le fonctionnement des partis politiques, interprétée par des juristes comme un prélude à leur dissolution, réclame la fin de la transition politico-militaire d’ici le 31 décembre 2025 et la mise en place d’un calendrier précis pour un retour à un régime constitutionnel.

La portée du décret est large, visant non seulement les partis politiques officiellement enregistrés, mais également « les activités des associations à caractère politique et aux activités de toute autre organisation se réclamant d’un caractère politique ».

Cette formulation suggère une volonté d’étouffer toute forme d’expression ou d’organisation politique dissidente.

Soulignons que cette décision constitue un nouveau coup dur pour les voix critiques à l’égard du régime militaire, qui a pris le pouvoir à la suite de deux coups d’État en 2020 et 2021. En 2024 déjà, les autorités maliennes avaient suspendu les activités des partis politiques pendant trois mois, un précédent qui laissait présager un possible reprise de telles mesures.

La communauté internationale et les observateurs des droits de l’homme devraient suivre de près l’évolution de la situation au Mali. Cette interdiction généralisée des activités politiques soulève de sérieuses questions quant à l’avenir de la démocratie et des libertés fondamentales dans le pays.

La réaction de la coalition des partis politiques et de la société civile malienne face à cette interdiction sera déterminante dans les jours à venir. Reste à voir si la manifestation prévue pour vendredi sera maintenue malgré cette interdiction et quelles en seront les conséquences.

Yasmine Alemwa Ibango

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