Le couperet est tombé. Nicolas Sarkozy, 70 ans, ancien président de la République, a été déclaré coupable d’association de malfaiteurs dans l’affaire explosive du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Un verdict historique : jamais un ex-chef d’État français n’avait été reconnu coupable d’avoir laissé ses proches tendre la main à une puissance étrangère pour conquérir l’Élysée.
Dans une salle d’audience sous tension, la présidente du tribunal Nathalie Gavarino a détaillé les responsabilités de l’ancien président : « il n’a peut-être pas pris directement l’argent, mais il a fermé les yeux. En revanche, il est relaxé des chefs de corruption passive et de recel de fonds publics. »
Cette affaire remonte à plus d’une décennie. Elle sent le soufre des années 2000, lorsque des valises de billets, venues de Tripoli, auraient circulé dans les couloirs du ministère de l’Intérieur.
Au cœur du système : Claude Guéant, fidèle lieutenant, reconnu coupable d’une litanie de délits – corruption passive, trafic d’influence, faux, blanchiment aggravé. L’ancien ministre Brice Hortefeux, autre intime de Sarkozy, est lui aussi jugé coupable d’association de malfaiteurs.
Mais d’autres, comme l’ancien ministre Éric Woerth, ont été blanchis.
Sarkozy, droit dans ses bottes, continue de dénoncer un « complot », orchestré selon lui par les fidèles du dictateur libyen. Il rappelle qu’en 2011, c’est lui, président de la République, qui a poussé les Occidentaux à bombarder la Libye et à précipiter la chute de Kadhafi.
Alors, vengeance posthume ou vérité éclatante sur un pacte secret ?
Quoi qu’il en soit, les juges ont tranché : Les procureurs avaient requis sept ans d’emprisonnement. Sarkozy risque jusqu’à dix ans, même si son appel suspendra toute peine immédiate. L’onde de choc est immense : un ancien président de la République rattrapé par des caisses d’argent libyen, soupçonné d’avoir vendu l’honneur de la France pour un trône à l’Élysée. Déjà condamné pour corruption dans l’affaire des écoutes, déjà frappé pour financement illégal de sa campagne électorale de 2012, déjà privé de la Légion d’honneur… Nicolas Sarkozy voit son nom s’associer toujours plus aux scandales.
Reste son influence, intacte dans les coulisses de la droite et sur la scène médiatique, où son couple avec Carla Bruni entretient une image glamour. Mais ce soir, l’image qui domine est celle d’un président rattrapé par l’ombre des valises libyennes.
Yasmine Alemwa Ibango
