mercredi, mai 15, 2024
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Exclusivité avec L’INNOVATEUR, Ahmed KALEJ NKAND, Directeur Général de l’Autorité de Régulation de la Sous-traitance dans le secteur privé (ARSP)

« L’ARSP abat un travail de pionniers, qui n’a jamais existé auparavant… C’est l’instrument par excellence pour créer la classe moyenne en RDC. Aujourd’hui, la plupart des entreprises qui opèrent dans tous les secteurs de la vie économique et qui font des travaux de sous-traitance, sont des entreprises à capitaux étrangers. Or, si on réserve une bonne partie de ces activités aux entreprises à capitaux congolais, ces grosses sommes d’argent vont rester dans l’économie congolaise… ».

PROFIL

Intégrateur des solutions pour des entreprises à capitaux congolais, M. Ahmed KALEJ NKAND, Directeur Général de l’Autorité de Régulation de la Sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), fait figure d’un nouveau type de dirigeants qui s’inscrit dans la vision du Chef de l’État de sortir la RDC de la pauvreté, et surtout de créer une classe moyenne porteuse de croissance. Il va de soi, le DG de l’ARSP va à la rencontre des principaux acteurs de la communauté des affaires pour plus de visibilité et faire la promotion des petites et moyennes entreprises congolaises.

Licencié en sciences économiques, fort de son expérience et du partenariat avec les grands acteurs des entreprises, cet ancien Directeur Général de la Gécamines met son savoir-faire et ses compétences à profit pour l’accomplissement des missions assignées à l’ARSP.

Enfin, le directeur général Ahmed KALEJ NKAND a décrypté, au cours d’un entretien à bâtons rompus avec le magazine international RD Congo-Monde, la réalité sur le fonctionnement de la structure qu’il dirige, à savoir l’ARSP.

ENTRETIEN

RD Congo-Monde : On parle beaucoup de l’ARSP. Qu’est-ce que cela signifie ?

Ahmed KALEJ NKAND : L’ARSP, à savoir, l’Autorité de Régulation de la sous-traitance du secteur privé, est un établissement public qui a été créé par le décret du Premier ministre, ensuite de la loi N°17/001 qui a été promulguée par l’ancien Chef de l’État en 2017. Au terme de cette loi, toutes les activités de sous-traitances, c’est-à-dire les activités annexes et connexes à l’activité principale, dans tous les secteurs de la vie économique du pays, doivent être strictement réservées aux entreprises à capitaux congolais. Entendez par-là, les entreprises de droit congolais enregistrées en RDC et dont la majorité des parts sociales est détenue par les citoyens congolais, donc par les opérateurs de nationalité congolaise.

La loi était prise en 2017 et l’Autorité a été créée en mai 2018, et les animateurs ont été nommés au mois de décembre de la même année. Et la prise de fonctions effective, quant à elle, est intervenue peu après mars 2019.

Quelle réponse, donnez-vous aux bruits qui courent sur la fermeture de certaines entreprises de placement ?

Il y a beaucoup de choses à clarifier. La sous-traitance ne se limite pas aux opérations de placement des personnes. Quand on entend parler des sous-traitances, il s’agit de toutes les activités qu’une entreprise peut externaliser, c’est-à-dire les travaux qu’une entreprise peut faire faire pour son compte à l’extérieur.

Pour être plus clair, dans le secteur minier par exemple, nous savons que la mission principale d’une entreprise minière, est de faire la recherche de l’exploration, de l’extraction minière et de traiter les substances minérales pour en produire des métaux, en vue de leur commercialisation. C’est ça l’activité principale. Mais, pour mener cette activité principale, les entreprises minières recourent à plusieurs opérations qu’elles peuvent réaliser elles-mêmes ou qu’elles peuvent faire faire par des autres.

En parlant de forage par exemple dans le cadre de l’exploration, il faut amener des machines de sondages où l’on sort des échantillons qu’on appelle des carottes, et on élargit une surface pour arriver à mener une étude de faisabilité. Et quand on a fini et qu’on a déterminé le gisement, on a quantifié la réserve, on procède à l’exploitation proprement dite qui commence par faire d’abord une opération de découverture, c’est-à-dire, on enlève toute la terre qui couvre la zone minéralisée, pour accéder aux minerais. Et quand cette opération est faite, on passe à l’extraction minière proprement dite, c’est encore une autre opération avec de gros engins, des excavateurs, des excavatrices qui enlèvent les minerais et qui les stockent en remblais en surface.

Une autre activité encore, qui a des liens avec la sous-traitance, c’est le transport de ces minerais, du site d’extraction aux usines de traitement. Ce transport-là aussi, c’est une activité de sous-traitance ; le gardiennage par exemple, c’est de la sous-traitance ; les opérations de restauration du personnel, ce sont des activités de sous-traitance ; des activités d’agences en douanes entre les entreprises, ce sont des opérations de sous-traitance. Donc, c’est tout ça et dans tous les secteurs.

À vous entendre expliquer, la sous-traitance est un arbre qui cache toute une forêt ?

C’est l’instrument par l’excellence pour créer la classe moyenne en République démocratique du Congo. Nous disons que l’ARSP est sans doute parmi les bras séculiers que le chef de l’État pourra utiliser dans sa politique actuelle de créer la classe moyenne.

Où êtes-vous représenté exactement?

Nous commençons à nous implanter. Nous sommes d’abord ici à Kinshasa, mais très vite nous allons nous déployer à travers toute la République Démocratique du Congo.

Quelle est la vitesse de marche depuis 2018?

La première des choses était d’abord de faire connaître la loi à toutes les parties prenantes. Dans cette opération, nous distinguons les entreprises principales des entreprises de sous-traitance. Les entreprises principales sont des grandes entreprises qui commandent des travaux de sous-traitance auprès des entreprises privées. Il fallait faire connaître cette loi. Donc, la première étape a été la vulgarisation de la loi. C’est ce à quoi, nous nous sommes appliqués depuis plusieurs mois.

Au mois de janvier, avant la survenue de la pandémie du Covid19, je revenais de Lubumbashi et Kolwezi où j’étais parti pour sensibiliser les parties prenantes. À cette occasion, il y a eu plusieurs matinées de travail organisées avec le partenariat de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) dans ces deux provinces. Nous avons réuni les opérateurs économiques pour répondre à leurs préoccupations, expliciter encore la loi et sensibiliser aussi les opérateurs congolais à s’approprier de cette Loi, pour le développement de leurs entreprises.

En fait, la loi fait une sorte de discrimination positive, en réservant ce type d’activités aux entreprises congolaises. C’est pour la promotion des petites et moyennes, même des grandes entreprises congolaises. Et au finish, afin que les Congolais se retrouvent. Donc, on crée un espace pour eux dans les activités de sous-traitance.

Vous avez une grande expertise surtout que vous êtes un ancien DG de la Gécamines. Alors, dites-nous, quelle touche particulière avez-vous apporté à cette institution depuis votre arrivée ?

Sachez que ce que nous sommes en train de faire maintenant au niveau de l’ARSP est un travail de pionniers, parce que ça n’a jamais existé auparavant. Donc, nous sommes en train d’implanter totalement la structure, en vue de faire appliquer la loi. Mais, s’il faut parler d’une touche particulière, je mettrais en avant ma ferme volonté pour faire strictement appliquer la loi.

Selon une certaine opinion, l’ARSP vit actuellement l’innovation. Aviez-vous pensé aux garde-fous pour éviter les ratés ?

Pour qu’il n’ait pas des ratés, il faut d’abord que la loi soit connue de tous. Et, nous mettons la vulgarisation au top niveau de nos actions. Nous devons faire connaître cette loi et sensibiliser les parties prenantes à son application. C’est cela la plus grande chose à faire.

Comment justifiez-vous votre présence (donc la présence d’ARSP) à la 5e édition de Makutano à l’hôtel Sultani ?

Ma présence à la 5e édition de Makutano, c’est pour entrer justement dans ce cadre de la sensibilisation des parties prenantes, quant à la connaissance déjà de la loi et plus encore à son application. Car, il faut que ceux à qui cette loi est destinée, se l’approprient pour qu’elle soit appliquée. Car, les retombées sont énormes.

Aujourd’hui, la plupart d’entreprises qui opèrent dans tous les secteurs majeurs de la vie économique, et qui font les travaux des sous-traitances en RD Congo, sont des entreprises à capitaux étrangers. Ça veut dire qu’en dehors des droits, taxes et quelques salaires qu’ils paient, tous les revenus extra qui sont générés par cette activité, sont envoyés à l’extérieur, vers les pays d’où sont venus ces capitaux qui ont été investis. Or, si on réserve une bonne partie de ces activités aux entreprises à capitaux congolais, les flux financiers qui seraient générés vont rester dans l’économie congolaise, et il va produire des effets immenses dans l’économie congolaise, ça veut dire qu’il y aura un peu plus de revenus ; il y aura plus de dépôts dans des banques ; aussi, une plus grande capacité de fournir du crédit à financer l’investissement. C’est ce qui va créer des emplois, c’est-à-dire des revenus supplémentaires seront payés, le pouvoir d’achat augmentera, la capacité à s’adresser au marché, la demande de biens et services va augmenter, et la production locale de biens et services va être stimulé et va permettre la relance de toute l’économie nationale. Et au finish, il y aura des retombées positives pour le Trésor public.

La campagne de vulgarisation de la loi que vous menez, est-elle une idée personnelle ?

Ce n’était pas une idée personnelle. La loi a été adoptée à l’Assemblée Nationale et au Sénat, et elle a été promulguée par le Chef de l’État. Moi, je ne fais que l’appliquer.

M. le Directeur général, au-delà des lois que vous voulez promulguer, il y a aussi des droits. Est-ce que les droits de tous ces opérateurs seront-ils respectés ?

Sachez que la loi elle-même s’inscrit dans le droit. Donc, elle n’est pas venue d’ailleurs. C’est l’organe légiférant qui a pris cette loi. Donc, elle tient compte des droits des uns et des autres.

Quel appel lancez-vous à la diaspora qui va vous lire prochainement ?

Ce que je peux leur dire, c’est leur lancer une invitation. Après avoir accumulé beaucoup d’expériences à l’extérieur, tout en servant longtemps les pays qui leur ont offert l’hospitalité. Alors il est grand temps qu’ils viennent faire profiter leur expérience à la RDC.

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