USA-Justice : P. Diddy échappe aux lourdes accusations-un verdict qui secoue l’Amérique

Après deux mois de procès sous haute tension à New York, le magnat du rap Sean “P. Diddy” Combs a été acquitté des chefs d’accusation les plus lourds, notamment le trafic sexuel et association de malfaiteurs.

En revanche, il est reconnu coupable d’un crime fédéral : le transport interétatique de personnes à des fins de prostitution.

De quoi créer des réactions dans la société américaine et secouer l’industrie musicale. Ce procès a alimenté un débat brûlant sur la justice, le consentement et le pouvoir.

En effet, le 2 juillet 2025, dans une salle comble du tribunal fédéral de Manhattan, le jury a rendu un verdict partiel : P. Diddy, 55 ans, ne sera pas condamné pour avoir organisé un réseau criminel autour de soirées sexuelles sous l’emprise de la drogue.

Tout au long du procès, les témoignages ont dévoilé les mécanismes de contrôle et de manipulation mis en place par l’artiste. Cassie, enceinte au moment de sa déposition, a raconté les “Freak offs”, ces marathons sexuels imposés, auxquels elle participait dans un état dissociatif induit par la consommation d’opiacés. Elle a dit s’être sentie « humiliée », « épuisée », et « dégoûtante », précisant qu’elle craignait de refuser, car Diddy détenait des vidéos compromettantes et menaçait sa carrière. Jane, l’autre plaignante, a elle aussi décrit un climat de peur et une dépendance financière vis-à-vis du producteur, dont elle partageait la vie.

La défense, menée par l’avocat Marc Agnifilo, a tenté de renverser la table en présentant une relation passionnée, libertine mais consentie. Elle a produit des échanges de SMS et souligné que Cassie était « libre de partir », insinuant qu’elle restait par amour. « Elle aime le sexe, et grand bien lui fasse », a lancé l’avocat, cherchant à normaliser le style de vie “polyamoureux” de son client. Mais pour la procureure Christy Slavik, il ne s’agissait pas de consentement mais de coercition déguisée. Elle a insisté sur le « non » que Diddy ne voulait jamais entendre, sur la domination psychologique et les violences physiques infligées à ses partenaires.

Le juge fédéral Jed Subramanian a refusé la demande de libération sous caution malgré l’abandon des charges les plus graves. Pour lui, la propension à la violence du producteur, son absence totale de remords, et la gravité des faits justifient qu’il reste en détention jusqu’au prononcé de sa peine, le 3 octobre prochain. P. Diddy encourt jusqu’à 20 ans de prison.

Au-delà du sort judiciaire de l’artiste, c’est toute l’industrie musicale américaine qui vacille. Ce procès, largement comparé à celui d’Harvey Weinstein dans le cinéma, jette une lumière crue sur les coulisses du pouvoir dans le hip-hop. Des noms comme Jay-Z ont été évoqués dans des plaintes finalement abandonnées. Le rappeur Kid Cudi, lui, a été directement mentionné lors du procès, après que Diddy, jaloux de sa relation avec Cassie, aurait incendié sa voiture à l’aide d’un cocktail molotov. Une ancienne assistante du producteur a même raconté que celui-ci s’était présenté un jour chez elle, armé, pour lui demander de l’accompagner « tuer » Kid Cudi. Un récit surréaliste, révélateur du climat de terreur décrit par les témoins.

Kanye West, seul soutien public de Diddy, a brièvement assisté au procès mais n’a pas témoigné. La plupart des autres figures de l’industrie sont restées silencieuses, préférant garder leurs distances avec ce dossier brûlant. L’association féministe UltraViolet a dénoncé un verdict qui « menace de réduire à néant le sacrifice des survivantes », regrettant que la justice n’ait pas reconnu l’ampleur du système d’exploitation mis en place.

À la sortie de l’audience, P. Diddy a levé le poing vers le ciel et lancé à sa famille : « I’m coming home, baby ! », croyant pouvoir retrouver sa liberté. Un espoir immédiatement douché par le juge. Le magnat déchu restera en prison au moins jusqu’au 3 octobre en attendant son sort.

Yasmine Alemwa Ibango

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