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RDC – 9e Forum africain sur la justice transitionnelle : un plaidoyer historique pour la vérité, la mémoire et les réparations

Kinshasa devient la voix des sans-voix : au 9e Forum africain sur la justice transitionnelle, victimes, survivants et acteurs du continent unissent leurs forces pour exiger vérité, réparations et mémoire contre l’oubli.

Depuis ce mardi 30 septembre 2025, Kinshasa est la capitale africaine de la justice transitionnelle. Placée sous le haut patronage du président de la République, Félix Tshisekedi, l’ouverture de la 9e édition du Forum africain sur la justice transitionnelle, a réuni un parterre d’acteurs de premier plan : dirigeants politiques, experts internationaux, représentants de l’Union africaine, de l’Union européenne, chercheurs, acteurs de la société civile et réseaux de victimes.

Organisé conjointement par l’Union africaine, le ministère congolais des Droits humains, le FONAREV, la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes (CIAVAS), en partenariat avec le Centre for the Study of Violence and Reconciliation (CSVR) et d’autres bailleurs internationaux, ce rendez-vous continental se tient autour d’un thème fort :« L’état de la justice transitionnelle en Afrique : justice pour les Africains et rôle des personnes d’influence africaine dans le processus de réparations ».

Un message de rupture : « Réparer, c’est possible. Réparer, c’est urgent. Réparer, c’est politique » Dans son allocution, le ministre congolais des Droits humains, Samuel Mbemba Kabuya, a rappelé les avancées juridiques majeures de la RDC ces deux dernières années, à savoir : l’adoption en 2024 de la Politique nationale de justice transitionnelle, mise en place du Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits (FONAREV), et de la CIAVAS.

Le ministre a également annoncé l’examen imminent par le Parlement d’un projet de loi intégrant les mécanismes de justice transitionnelle dans le système judiciaire congolais. A l’en croire, la RDC s’affirme désormais comme un modèle vivant de justice transitionnelle en Afrique francophone :« Réparer, c’est possible. Réparer, c’est urgent. Réparer, c’est politique. La dignité ne se jette pas, elle se restaure », a-t-il martelé sous les applaudissements frénétiques.Un appel à la reconnaissance des génocides subis par la RDC.

Le Représentant le Chef de l’État, le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani Lokoo a livré un discours poignant, dénonçant plus de trois décennies de violences atroces subies par la population congolaise dans l’Est du pays. Citant le rapport Mapping des Nations Unies de 2010 et les conclusions d’organisations internationales comme Human Rights Watch et Amnesty International, il a plaidé pour une reconnaissance africaine des crimes et génocides commis en RDC. « Les vies congolaises ne valent pas moins que d’autres vies. L’oubli ou le déni accentuent la douleur des survivants et compromettent la paix. Le temps est venu pour l’Afrique de reconnaître les génocides commis en RDC », a-t-il lancé, appelant à une solidarité africaine dans la lutte contre l’impunité.

La cérémonie d’ouverture a également été marquée par les interventions de haut niveau :

• Prof. Remy Ngoy Lumbu, président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP),

• S.E. l’Ambassadeur Calixte Astride Mbari, représentant de la Commission de l’Union africaine,• Fabio Bargiacht, directeur exécutif du CSVR,• Dr Simangele Mayisela, membre du Conseil d’administration du CSVR,

• Fabrice Basile, chef par intérim de la délégation de l’Union européenne en RDC,

• Aimée Ongesso, représentante de l’Open Society Foundations (OSF).Tous ont salué la volonté politique de la RDC de se doter d’un cadre solide de réparation et de réconciliation, et ont appelé à renforcer la coordination africaine pour ériger la justice transitionnelle en levier de paix, de dignité et de transformation sociale.

Pendant cinq jours, Kinshasa vibrera au rythme de panels thématiques, débats de haut niveau et partages d’expériences. Décideurs, survivants, chercheurs et praticiens s’y pencheront sur les défis communs du continent : vérité, réparation, lutte contre l’impunité et garanties de non-répétition.

L’ouverture de ce forum marque déjà un tournant historique : la justice transitionnelle en Afrique n’est plus seulement une question théorique, mais un chantier concret, porté par la volonté des États, la mobilisation des victimes et l’appui de partenaires internationaux.

Kinshasa envoie un message fort au continent et au monde : sans justice, pas de paix durable.

Yasmine Alemwa Ibango

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