C’est une victoire diplomatique majeure pour la République démocratique du Congo. le 03 mardi, à New York, l’Assemblée générale des Nations unies a élu cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité pour la période 2026-2027. Aux côtés du Bahreïn, de la Colombie, de la Lettonie et du Liberia, la RDC a obtenu un soutien massif : 183 voix sur 188 votants, confirmant ainsi la confiance renouvelée de la communauté internationale.
Ce n’est pas la première fois que Kinshasa siège à la table des grandes puissances : la RDC avait déjà occupé ce fauteuil à deux reprises par le passé. Mais ce retour intervient dans un contexte géopolitique marqué par des tensions globales des conflits au Moyen-Orient, guerre en Ukraine, instabilité dans plusieurs régions africaines et des recompositions majeures au sein du multilatéralisme. Cette élection représente ainsi bien plus qu’un simple siège : elle constitue une opportunité pour le pays de peser dans la définition de l’agenda mondial de la paix et de la sécurité.
Longtemps perçue comme une terre de conflit, la RDC se positionne aujourd’hui comme un acteur crédible pour la stabilité régionale. En rejoignant le Conseil de sécurité, elle se voit confier une responsabilité historique : celle d’apporter la voix des pays en développement, de l’Afrique centrale et des populations affectées par des crises oubliées.
Kinshasa pourra notamment intervenir sur les débats relatifs aux opérations de maintien de la paix à commencer par celle déployée sur son propre sol, la MONUSCO mais aussi sur les crises qui touchent ses voisins : tensions dans la région des Grands Lacs, enjeux sécuritaires en Afrique australe et centrale, ou encore les conséquences transversales du dérèglement climatique sur les conflits armés.
Cependant, l’élection de la RDC s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de la réaffirmation des puissances émergentes au sein des grandes institutions. Dans le groupe Afrique-Asie-Pacifique, Bahreïn et le Liberia ont également été plébiscités, confirmant un tournant vers une représentation plus équitable et plus diversifiée. “Nous sommes unis dans notre objectif commun de forger un monde plus juste et plus équitable”, a déclaré la ministre libérienne des affaires étrangères, Sara Beysolow Nyanti. Un message que la diplomatie congolaise pourrait reprendre à son compte, elle qui cherche depuis plusieurs années à redéfinir son image, de pays en crise à acteur régional de solutions.
Le mandat de la RDC débutera officiellement en janvier 2026. Jusque-là, les équipes diplomatiques devront se préparer : construire des coalitions, formuler des priorités, renforcer les capacités de négociation. Des enjeux lourds attendent les membres non permanents : la réforme du Conseil de sécurité, la situation au Moyen-Orient, les tensions en Europe de l’Est, sans oublier la nécessaire refonte du financement des opérations de paix. Mais c’est aussi une opportunité pour la RDC d’exercer un soft power ambitieux. Ce siège, c’est un tremplin pour affirmer une diplomatie proactive, humaine et continentale.
Les citoyens, observateurs ou acteurs engagés, on désormais pour devoir de suivre, soutenir et exiger de ses représentants une diplomatie à la hauteur des défis mondiaux.
Yasmine Alemwa Ibango