Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture : Quand la douleur vient de partout !

Le 26 juin de chaque année, l’humanité célèbre la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture. Cependant, cette journée n’a vraisemblablement pas d’impacts dans les sociétés. C’est pourquoi, nombreux sont qui disent stop à ce manque d’influences et il est temps de regarder la vérité en face.

Par exemple, en République démocratique du Congo, la torture ne se limite pas aux commissariats ou aux zones de guerre.

Elle surgit dans les ruelles des villes comme dans les forêts de l’Est, infligée par des bourreaux aux visages multiples, dont les noms résonnent dans l’angoisse collective : Kuluna à Kinshasa, groupes armés à Beni, Bunia, Goma ou Rutshuru. La torture est un crime contre l’humanité, reconnu et condamné par l’ONU, pourtant elle reste une réalité quotidienne pour des milliers de Congolais.

Dans les quartiers populaires de la capitale, les gangs urbains appelés « Kuluna » n’ont rien à envier aux escadrons de la mort. Machettes en main, ces jeunes souvent livrés à eux-mêmes sèment la terreur : extorsions, humiliations publiques, mutilations, viols, règlements de compte. Et quand la police intervient, c’est souvent avec une brutalité équivalente, sans procédure, sans respect des droits. L’État se tait ou réagit par des opérations spectaculaires mais sans lendemain. Ceux qui devraient protéger deviennent parfois eux-mêmes les bourreaux. Et ceux qui fuient les Kuluna tombent entre les mains de forces de l’ordre qui n’hésitent pas à faire usage de violence, parfois pour de simples délits présumés.

Certes, quelques efforts ont été amorcés. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a récemment livré le bilan des opérations « Ndobo » et « Zéro Kuluna », deux campagnes menées pour lutter contre la criminalitég  urbaine. Plus de 300 Kuluna ont été condamnés, certains à de lourdes peines, d’autres à la peine capitale. Selon lui, ces procès ont respecté les droits fondamentaux des accusés – défense, double degré de juridiction, assistance légale – et permis une baisse sensible de l’insécurité à Kinshasa. Une partie des condamnés a été transférée dans des prisons de haute sécurité au Kongo Central et dans la Mongala, et plusieurs audiences foraines ont été organisées pour rendre la justice plus visible et dissuasive. Des efforts notables, certes, mais encore isolés face à l’ampleur du phénomène.

À l’Est, les choses sont encore plus sombres. Là-bas, des civils sont pris en étau entre les forces gouvernementales, les milices locales, les groupes armés étrangers, chacun soupçonnant l’autre de collaboration. Des centaines de cas de torture ont été documentés rien qu’en 2024 selon le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme. Des hommes et des femmes battus, brûlés, violés, pendus à des arbres, enterrés vivants parfois. D’autres disparaissent tout simplement. Les rescapés racontent l’indicible, mais leurs récits se perdent dans le silence des autorités. Aucun de ces crimes ne devrait rester impuni. Et pourtant, les auteurs continuent d’agir, protégés par des réseaux de pouvoir ou de peur.

La torture n’est pas toujours visible. Elle se glisse aussi dans les familles, là où des enfants orphelins sont traités comme des serviteurs, là où les marâtres battent ou affament, là où des adolescents sont enfermés ou brûlés pour avoir prétendument volé ou désobéi. Dans certains milieux, les châtiments corporels les plus cruels sont justifiés comme des « corrections éducatives ». Ce sont des blessures profondes qui forgent des générations traumatisées, prêtes à reproduire ce qu’elles ont subi. Le cercle se répète.

Ce 26 juin n’est pas une journée de slogans. C’est un cri d’alerte. Il faut condamner les Kuluna comme les  assaillants de l’Est de la République, ces groupes criminels qui font de la douleur un instrument de pouvoir. Il faut dénoncer l’inaction, briser le silence, créer des mécanismes de prévention efficaces, former les agents de l’État au respect des droits humains, offrir réparation et prise en charge aux victimes, intégrer l’enseignement des valeurs humaines dès le plus jeune âge.

La torture demeure une réalité qui interroge les fondements de toute société. En République démocratique du Congo, cette question engage à la fois la mémoire, la justice et la responsabilité collective. Assurer la dignité de chaque citoyen, garantir un cadre respectueux des droits fondamentaux, et renforcer les mécanismes de protection sont autant d’enjeux pour construire un avenir stable. Car la paix durable ne se forge pas dans le silence, mais dans une écoute attentive des faits, des voix et des expériences.

Yasmine Alemwa Ibango

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