A 37 ans, ancien présidentiable de 2023, Constant Mutamba, l’un des plus jeunes ministres du gouvernement congolais, a démissionné de son poste de ministre de la Justice le 17 juin 2025et se trouverait retranché à l’Ambassade du Cuba à Kinshasa.
En pleine tourmente judiciaire, Il est au cœur d’un scandale de détournement présumé de 19 millions de dollars liés à un marché public pour la construction d’une prison à Kisangani. Le projet, évalué à 29 millions de dollars, aurait fait l’objet d’un transfert de fonds sans appel d’offres, ni travaux visibles.
Le paiement controversé a été effectué via le Fonds d’indemnisation des victimes des conflits avec l’Ouganda (FRIVAO), suscitant des alertes à la CENAREF et déclenchant une enquête parlementaire. Celle-ci a abouti à un rapport jugé accablant, transmis aux autorités judiciaires. L’Assemblée nationale a rapidement levé son immunité parlementaire, ouvrant la voie à une procédure judiciaire.
Peu après l’annonce de sa démission, Constant Mutamba aurait disparu des radars. Plusieurs sources affirment qu’il se serait retranché à l’ambassade du Cuba à Kinshasa, rendant difficile son interpellation en raison de l’immunité diplomatique. Si cette information se confirme, l’affaire pourrait prendre une dimension diplomatique complexe.
Outre les accusations de détournement, l’ancien ministre est également poursuivi pour outrage aux institutions et pour des libérations jugées irrégulières de prisonniers. Celui qui s’était engagé à réformer la justice se défend désormais en évoquant un « complot politique », après avoir tenté – en vain – de faire dessaisir le procureur général du dossier.
À Kinshasa, l’affaire suscite de nombreuses réactions dans l’opinion. Elle illustre les défis auxquels sont confrontées les institutions dans la lutte contre l’impunité. Si le sort de Constant Mutamba reste incertain, cette affaire laisse entrevoir les tensions qui traversent le pouvoir et les attentes citoyennes en matière de redevabilité.
Yasmine Alemwa Ibango