Ce Vendredi 15 août, Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouveront en Alaska pour une rencontre, à laquelle le président américain promet “décisive”. Mais, derrière l’affichage de bonne volonté diplomatique, chacun avance ses pièces sur l’échiquier et Kiev, elle, observe depuis le banc de touche.
En effet, depuis le début du mois d’août, les cieux au-dessus de la capitale ukrainienne sont étrangement silencieux. Fini, ou presque, le vacarme des sirènes et des frappes massives. Moscou concentre désormais ses bombardements entre 50 et 160 tirs par nuit sur les zones proches du front. Un “geste” interprété à Kiev comme une manœuvre pour influencer Washington avant le sommet.
À la Maison-Blanche, cependant, Donald Trump affiche sa confiance. Devant la presse, il se présente comme l’homme capable de “conclure un deal” en quelques minutes. “À la fin de cette réunion, probablement dans les deux premières minutes, je saurai exactement si un accord peut être conclu, car c’est mon métier”, affirme-t-il. Mais l’annonce qui a frappé les esprits à Kiev, c’est son refus d’inviter Volodymyr Zelensky à ce premier face-à-face avec Poutine.
“Il pourrait venir, mais il a déjà assisté à beaucoup de réunions… il ne s’est rien passé”, a-t-il lancé, tout en imputant la guerre à Joe Biden et en laissant entendre qu’elle n’aurait jamais éclaté s’il avait été président en 2022. Pour lui, cette rencontre est un “préalable” à une future table ronde tripartite à condition, bien sûr, qu’un cadre d’accord soit trouvé avec Moscou.
Côté russe, Vladimir Poutine capitalise sur cette ouverture. En limitant ses frappes sur Kiev, il envoie un signal destiné autant à Trump qu’aux chancelleries européennes : Moscou peut moduler l’intensité de la guerre si ses conditions sont prises en compte. Mais, ces conditions jugées “maximalistes” par Kiev et incluant des concessions territoriales restent inacceptables pour l’Ukraine.
À Kiev, on ne parle pas de trêve, mais de “pause tactique”. Le président Zelensky martèle que “pas un centimètre” du territoire ukrainien ne sera cédé. Mais, l’exclusion de l’Ukraine de cette première phase de négociations rappelle aux Ukrainiens une vérité brutale : même en pleine guerre, la bataille se joue aussi dans les coulisses, loin des tranchées.
Vendredi, l’Alaska pourrait être le théâtre d’un geste diplomatique spectaculaire… ou d’un nouvel épisode de communication politique. Une chose est vraie : pour l’Ukraine, la seule paix crédible reste celle qui se gagne sur le terrain, et non dans les promesses d’un “deal” scellé à huis clos.
Yasmine Alemwa Ibango