RDC / Le discours sur l’état de la Nation : Pour Tshisekedi, «les ténèbres ne règneront pas toujours »

Ce 8 décembre 2025, le président de la République Félix Tshisekedi Tshilombo s’est adressé aux députés et sénateurs réunis en Congrès pour présenter l’état de la Nation. Un exercice institutionnel attendu, dans un contexte marqué par la dégradation sécuritaire à l’Est, des tensions diplomatiques persistantes avec le Rwanda et de vastes chantiers socio-économiques en cours.

En voulant etre claire, dense et volontaire dans son discours, le Chef de l’Etat a dressé un tableau à la fois préoccupant et porteur d’ambitions, révélant les priorités immédiates de l’exécutif.

Cependant, il a replacé la situation sécuritaire au centre de sa communication et, il a réaffirmé que la crise actuelle dépasse le cadre d’une rébellion interne, qualifiant  l’offensive de l’AFC/M23 de « guerre d’agression soutenue par l’armée rwandaise ».

Pour le Président de la République, les récentes attaques sur l’axe Bugarama dans le Sud-Kivu confirment une violation manifeste de l’accord de Washington signé en juin 2025. Cette prise de position publique durcit le ton vis-à-vis de Kigali et démontre la volonté du gouvernement à défendre la souveraineté du territoire national.

Toutefois, le Chef de l’État n’a pas détaillé les mécanismes concrets qui permettront d’obtenir le respect effectif de cet accord signé, et pourtant fragilisé  sur le terrain, lequel a bénéficié l’appui des partenaires internationaux.

L’accord de Washington visait à : organiser le retrait des troupes rwandaises, stabiliser les zones de conflit, neutraliser les groupes armés, renforcer la coopération régionale.

Aussi, le président Tshisekedi a rappelé que ces engagements n’impliquent ni partage de souveraineté ni compromis sur les crimes commis en RDC.

Enfin, l’évolution récente des hostilités met en lumière les limites du cadre diplomatique actuel, auquel il faudra adosser des mécanismes coercitifs ou de nouvelles garanties.

Dans son discours, il a alerté sur les risques sanitaires et environnementaux auxquels sont exposées la population et il a pointé du doigt les caniveaux bouchés, la mauvaise gestion des déchets et la pression croissante sur certains quartiers de Kinshasa. Le Président a déploré l’insécurité, l’insalubrité et les embouteillages devenus insupportables dans la Capitale.

Il a appelé que le gouvernement  a entretenu plus de 8 000 km de routes agricoles au cours de l’année 2025. Également, un programme élargi visant 38 000 km de routes et 3 735 km de corridors d’unité nationale a été présenté.

Parmi les axes prioritaires :

RN1 : Kongo Central – Haut-Katanga

RN2 : Est du pays

RN7 et RN42 : corridors logistiques nationaux

Ces investissements s’inscrivent dans une stratégie de désenclavement visant à améliorer la circulation des biens, renforcer l’intégration économique interne et soutenir le secteur agricole.

Néanmoins, la consolidation de ces projets dépendra étroitement de la stabilité sécuritaire dans certaines zones.

Sur le plan social, le chef de l’État a insisté sur les progrès liés à la gratuité de l’enseignement primaire. Il a annoncé :une augmentation de 100 000 CDF du salaire de base des enseignants,  la construction de 1 384 établissements scolaires.

Ces mesures témoignent d’un effort de consolidation dans un secteur massif, où l’accès, la qualité pédagogique et la gestion administrative demeurent des défis majeurs. Leur durabilité reposera sur la capacité de l’État à maintenir le financement nécessaire dans un contexte budgétaire contraint.

Le discours du président Tshisekedi met en avant une stratégie reposant sur trois piliers :

1. Rétablissement de la sécurité et défense de la souveraineté nationale,

2. Accélération des travaux d’infrastructures et de l’intégration territoriale,

3. Consolidation des politiques sociales prioritaires, notamment l’éducation.

Cependant, l’écart entre les ambitions annoncées et la réalité opérationnelle reste prononcé. Les défis sécuritaires dominent encore l’agenda national, tandis que l’évolution de la crise régionale conditionnera largement la mise en œuvre des projets de reconstruction.

En dressant l’état de la nation, Félix Tshisekedi a présenté une vision volontariste d’un pays résolument tourné vers la souveraineté, la stabilité et le développement.

Mais la réussite de cette vision dépendra de la capacité du gouvernement à transformer les engagements en résultats concrets, dans un environnement politique et sécuritaire particulièrement exigeant.

Enfin, il a encouragé le secteur des sports, en promettant sans doute de voir le drapeau de la RDC flotté en Amérique.

Yasmine Alemwa Ibango

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