Home Sport Mike Tyson à Kinshasa : entre mémoire et renaissance de la boxe

Mike Tyson à Kinshasa : entre mémoire et renaissance de la boxe

Il y a des lieux où le passé ne dort jamais. Le stade Tata Raphaël, à Kinshasa, est de ceux-là. Cinquante ans après le combat du Siècle Ali–Foreman, surnommé « The Rumble in the Jungle », cette enceinte a vu défiler des générations de spectateurs, vibrer sous les cris et les espoirs. Ce week-end, un autre nom a résonné sur ses murs : Mike Tyson.

La légende américaine, incarnation de puissance et de résilience, est arrivée dans la capitale congolaise pour un séjour court mais symbolique. L’événement, orchestré par Déo Kasongo avec l’aval du Président Félix Tshisekedi, n’était pas qu’un hommage au passé. Il s’inscrivait dans une volonté plus large de réaffirmer la place de la RDC dans l’histoire de la boxe et sur la scène sportive mondiale.

Dimanche, des milliers de Kinois ont convergé vers le stade Tata Raphaël pour assister à la séance d’entraînement ouverte au public de Iron Mike. L’attente était palpable. Certains venaient pour le spectacle, d’autres pour toucher du regard une icône mondiale, d’autres encore pour ressentir un lien avec l’histoire.

Tyson est apparu. Silencieux. Concentré. Quelques mots en lingala : « Mbote na bino ». Puis, un salut rapide et un départ précipité. Les gradins ont vibré d’émotion, mais la frustration s’est mêlée à l’admiration. Le public espérait voir l’ancien champion lever les poings, frapper le sac, rappeler l’intensité du ring. L’occasion n’a pas été donnée. Mais quelque chose de plus profond s’est produit : la mémoire et l’âme du sport se sont retrouvées vivantes.

La veille, lors d’une conférence de presse, Tyson avait révélé un détail inattendu :

« Après des tests ADN, j’ai découvert que 30 % de mon sang est congolais. Je suis fier d’être ici, chez moi. »

Ces mots simples ont résonné avec force. Chez moi. Une affirmation qui dépassait le symbole : un retour aux origines, une connexion intime avec la terre de ses ancêtres. Il a poursuivi avec un trait d’humour et de curiosité :

« Dites-moi, au regard de mon caractère, de quelle tribu je viens ? »

Cette phrase, légère en apparence, a scellé un lien affectif durable avec le public et rappelé que le sport peut aussi être pont entre histoire, identité et fierté culturelle.

À la fin de son séjour le dimanche 19 octobre, Tyson a été reçu à la Cité de l’Union Africaine par le Président Félix Tshisekedi. Pendant près d’une heure, ils ont échangé sur la vie et sur des projets futurs.

« J’ai été bien accueilli et reçu avec beaucoup d’enthousiasme par le Président. C’est une très belle expérience. Nous avons parlé de la vie en général et de quelques projets à réaliser. Je vais revenir très bientôt », a déclaré Tyson.

Cette rencontre officialise la dimension stratégique de sa visite : au-delà de l’hommage historique, il s’agit d’ouvrir une coopération durable avec la Fédération congolaise de boxe, de valoriser le patrimoine sportif et de stimuler l’avenir des jeunes champions.

Aux côtés de Tyson, plusieurs figures de la boxe mondiale et nationale ont été présentes : Ilunga Makabu, Estelle Mossely et plusieurs champions nationaux. Ensemble, ils ont rappelé que le combat n’est pas seulement physique, mais aussi symbolique. Il s’agit de transmettre un héritage, de raviver l’espoir et d’inspirer les nouvelles générations.

Même si Tyson n’a pas combattu, sa visite a déclenché un nouvel élan :

  • relancer la boxe congolaise,
  • ouvrir des partenariats durables,
  • valoriser le patrimoine du stade Tata Raphaël,
  • replacer la RDC sur la carte sportive mondiale.

Il y a cinquante ans, Mohamed Ali avait fait rayonner le Zaïre à travers le monde. Aujourd’hui, Mike Tyson rallume cette flamme, rappelant que l’histoire n’est pas figée, qu’elle se transmet et qu’elle peut inspirer.

Kinshasa n’a pas seulement reçu un champion : elle a retrouvé un peu de son histoire, un souffle de sa fierté et un message clair pour l’avenir. La page du cinquantenaire est tournée, mais l’histoire de la boxe en RDC continue de s’écrire, avec de nouveaux acteurs et une énergie renouvelée.

Mike Tyson à Kinshasa : plus qu’une visite, un symbole, un pont entre passé et futur.

Yasmine Alemwa Ibango

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