Kinshasa: L’eau devient une denrée rare et hors de prix après les inondations

Alors que la poussière peine à retomber sur les quartiers meurtris par les récentes inondations et érosions qui ont coûté des vies et détruit des foyers, une nouvelle crise vient étrangler le quotidien des habitants de Limete Salongo, Matete Debonhome et Masina : une coupure d’eau qui dure depuis trois longs jours.

Si la circulation a timidement repris son cours normal, le silence assourdissant des robinets assoiffés plonge des milliers de Kinois dans un désarroi profond. Loin des gros titres sur les dégâts matériels, c’est une urgence silencieuse qui se joue dans les foyers, où les gestes les plus élémentaires ; cuisiner, se laver, maintenir un minimum d’hygiène ; sont devenus des défis insurmontables.

Dans ce contexte de vulnérabilité extrême, une ombre plane : celle de l’opportunisme cynique. Des vendeurs d’eau, sans vergogne, profitent de la détresse ambiante pour gonfler leurs prix de manière indécente. Le sachet d’eau pure, autrefois accessible à 200 FC, s’arrache désormais à 300 FC sous un soleil de plomb. La bouteille d’eau fraîche de 750 ml, source de réconfort, voit son prix bondir de 500 FC à 700 FC. Une spéculation éhontée qui frappe de plein fouet des populations déjà fragilisées.

Face à cette pénurie et à l’avidité de certains, le désespoir pousse des familles entières à des actes risqués. On observe un exode silencieux vers la rivière Ndjili et d’autres points d’eau, où hommes, femmes et enfants, bidons et récipients à la main, bravent les dangers pour s’approvisionner. Une eau dont la potabilité est plus que douteuse, mais qui représente une bouée de sauvetage face à l’urgence. Ces scènes poignantes témoignent d’une résilience admirable, mais soulignent aussi la gravité de la situation et le manque d’alternatives sûres.

La REGIDESO, entreprise publique en charge de la distribution d’eau, est sans aucun doute confrontée à des défis logistiques et techniques considérables suite aux intempéries. Il est compréhensible que le rétablissement du service puisse prendre du temps. Cependant, face à l’urgence et à l’angoisse grandissante des populations, un silence prolongé de la part de la régie ne fait qu’alimenter l’incertitude et la frustration.

Une communication officielle claire et transparente de la part de la REGIDESO est aujourd’hui impérative.

Expliquer les causes de cette coupure prolongée, informer sur les efforts déployés pour rétablir l’approvisionnement et donner un calendrier prévisionnel, même approximatif, apaiserait les tensions et redonnerait un peu d’espoir aux habitants de Limete Salongo, Matete Debonhomme et Masina.

Ces communautés, déjà éprouvées par la violence des catastrophes naturelles, méritent plus que le silence et l’exploitation. Elles ont besoin de solidarité, d’actions concrètes et d’une information fiable pour traverser cette nouvelle épreuve. Il est temps que les autorités compétentes et la REGIDESO prennent la mesure de cette crise et agissent avec célérité et humanité pour soulager la soif de Kinshasa. Le temps presse, et chaque heure sans eau potable aggrave la situation et entame davantage la dignité de ces citoyens.

Yasmine Alemwa Ibango

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