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France/RDC : l’ancien Chef rebelle Roger Lumbala Jugé à la Cour d’Assises de Paris

Pour la première fois, un ressortissant congolais est jugé en France pour des crimes commis sur le sol de la République Démocratique du Congo (RDC).

La Cour d’assises de Paris ouvre ce 12 novembre un procès historique contre Roger Lumbala, 67 ans, ancien chef rebelle et ex-ministre congolais.

Roger Lumbala est poursuivi pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes contre l’humanité» et «complicité de crimes contre lhumanité », des accusations pesant sur des faits commis en 2002 et 2003, au cœur de la deuxième guerre du Congo.

Grâce au principe de compétence universelle, la justice française peut ainsi juger des auteurs présumés de crimes graves, où qu’ils se soient déroulés dans le monde. L’ancien chef rebelle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Les crimes reprochés à Roger Lumbala s’inscrivent dans le cadre de l’opération militaire dite « Effacer le tableau », menée par le Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-National), groupe armé dirigé par Roger Lumbala et soutenu par l’Ouganda. Entre octobre 2002 et janvier 2003, cette offensive visait à s’emparer de Beni, dans la province de l’Ituri, une région stratégique et riche en minerais tels que le cuivre, le coltan et le cobalt.

Cependant, un rapport des Nations unies publié en 2003 décrit des violences systématiques : meurtres, viols et pillages, qualifiés de crimes contre l’humanité. Dans cette région isolée et instable, Lumbala aurait imposé un régime de terreur, orchestrant massacres de civils, exploitation illégale des gisements d’or et de diamants, et braconnage d’éléphants, selon des témoignages de victimes congolaises et d’observateurs internationaux.

Après la fin du conflit, Roger Lumbala tente de se réinsérer dans la vie politique congolaise. Il devient brièvement ministre du Commerce extérieur, mais, il est suspendu en 2004 pour corruption et détournement de fonds publics. Plus tard, il rejoint le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe rebelle accusé par les Nations unies de graves violations des droits humains.

En 2012, face à une tentative d’arrestation au Burundi, Lumbala se réfugie à l’ambassade d’Afrique du Sud avant de quitter le continent pour la France. Son statut de réfugié lui est refusé par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) en raison de son implication présumée dans des crimes de guerre. Le signalement de l’Ofpra en 2016 déclenche une enquête du parquet de Paris, confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH), qui aboutira à son arrestation le 29 décembre 2020 à Paris.

Inculpé en novembre 2023, Roger Lumbala devient le premier Congolais jugé en France pour des crimes commis dans son pays. Son procès, prévu pour une durée plus d’un mois, entendra de nombreux témoignages de victimes congolaises, certaines venant spécialement à Paris pour raconter l’horreur vécue.

Ce procès dépasse le cadre individuel de Lumbala : il symbolise une avancée majeure pour la justice internationale et les victimes congolaises. Après des décennies de conflits et d’impunité dans la région des Grands Lacs, la Cour d’assises de Paris ouvre une porte vers la reconnaissance des souffrances et l’affirmation que les crimes les plus graves ne restent jamais impunis.

Yasmine Alemwa Ibango

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