France/PixiumVision : une puce électronique minuscule oculaire redonne la vue à des patients condamnés à l’obscurité

Une puce électronique minuscule, glissée sous la rétine, redonne la vue à des patients autrefois condamnés à l’obscurité. Une prouesse technologique et humaine saluée comme une percée majeure dans la lutte contre la dégénérescence maculaire.

Ils pensaient ne plus jamais revoir le visage d’un proche ni les lignes d’un livre. Pourtant, grâce à un implant oculaire de la taille d’un grain de riz, des personnes âgées atteintes de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ont pu retrouver la lumière.
Cette avancée, issue d’un essai européen publié dans le New England Journal of Medicine, marque un tournant médical sans précédent : pour la première fois, la vision centrale de celle qui permet de lire, reconnaître, discerner a pu être partiellement restaurée.

« C’est une véritable révolution dans le traitement de la DMLA avancée », s’enthousiasme le professeur Frank Holz, chef du département d’ophtalmologie à l’hôpital universitaire de Bonn.

Le dispositif, développé par la société française Pixium Vision, associe science et finesse technologique.
Sous la rétine, un implant électronique capte des signaux lumineux émis par une paire de lunettes intelligentes. Équipées d’une caméra miniature, elles filment l’environnement, traduisent les images en lumière infrarouge, puis les projettent sur l’implant. Ce dernier convertit ces signaux en impulsions électriques qui stimulent les cellules nerveuses de la rétine.
En clair, l’œil reprend vie.

Les 38 patients ayant participé à l’étude  tous atteints d’une forme sèche et incurable de DMLA ,ont progressivement réappris à lire des lettres, des chiffres et même des mots entiers. Après un an, 84 % d’entre eux pouvaient de nouveau décoder des formes et des symboles.

Derrière ces chiffres, il y a des histoires bouleversantes.
Celle d’un retraité allemand qui a pu relire la dédicace de sa fille dans un livre qu’il gardait depuis dix ans. Celle d’une Italienne de 72 ans, qui a reconnu le sourire de son petit-fils sur une photo.
Ces instants, anodins pour beaucoup, sont devenus des victoires intimes pour ceux qui vivaient dans la pénombre« Ce n’est pas seulement une prouesse médicale, c’est un retour à la dignité, à la vie », confie un chercheur impliqué dans l’étude.

Ironie du sort : la société Pixium Vision, à l’origine de cette innovation, a été placée en liquidation judiciaire l’an dernier.
Mais la lumière n’a pas été éteinte.
La start-up a été reprise par la société américaine Science Corporation, spécialisée dans les interfaces cerveau-machine, qui a racheté ses brevets et annoncé vouloir commercialiser le dispositif dans l’Union européenne dès l’an prochain.

Une nouvelle version plus performante de l’implant est déjà en développement, ouvrant la voie à un traitement personnalisé pour les personnes souffrant de DMLA sévère.

La DMLA, qui touche plus de 200 millions de personnes dans le monde, reste la première cause de cécité après 50 ans. Elle prive peu à peu les malades de leur vision centrale, les condamnant à un flou irréversible.
Mais ce minuscule implant, invisible à l’œil nu, prouve que la technologie peut rallumer la flamme de l’espérance.

Parce qu’au-delà des circuits et des signaux électriques, il y a un symbole fort : celui d’une science qui ne se contente pas de réparer, mais rend le monde à ceux qui ne pouvaient plus le voir.

Yasmine Alemwa Ibango

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