Le Bénin a été secoué, dimanche 7 décembre, par une tentative de coup d’État qui, selon les militaires à l’origine de l’action, visait à destituer le président Patrice Talon. Peu après l’annonce diffusée à la télévision nationale, les autorités ont affirmé avoir repris le contrôle de la situation. Au matin du lundi, Cotonou a retrouvé le calme et le président Talon a réaffirmé que la situation était « totalement sous contrôle », appelant les citoyens à « vaquer sereinement à leurs occupations ».
Selon des sources militaires, une douzaine de soldats impliqués dans la mutinerie ont été arrêtés, tandis que le lieutenant-colonel Pascal Tigri reste en fuite. Les motivations exactes de ce putsch demeurent floues, car s’agissait-il d’une mutinerie interne à l’armée ou d’un geste à connotation politique ? Les analyses soulignent que la période électorale et les récentes réformes constitutionnelles, qui ont prolongé le mandat présidentiel et limité la marge de manœuvre des partis d’opposition, ont exacerbé les tensions politiques.
Dans tous les cas, le Nigeria et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sont intervenus pour soutenir le gouvernement béninois.
Abuja a mené des frappes aériennes sur des cibles à Cotonou et déployé des troupes au sol, afin de « déloger les putschistes de la télévision nationale et d’un camp militaire », selon un communiqué officiel. Le déploiement comprenait également des forces de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, dans le cadre de la préservation de l’ordre constitutionnel.
Cette intervention souligne le degré de gravité des événements et l’inquiétude régionale face à une contagion possible des coups d’État. Ces cinq dernières années, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest – Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée, Guinée-Bissau – ont été confrontés à des prises de pouvoir militaires, créant un précédent inquiétant pour la stabilité du Bénin et de la région.
Au-delà de l’alerte politique, le Bénin doit composer avec des menaces sécuritaires persistantes dans le nord du pays, le long de la frontière avec le Nigeria et le Burkina Faso, zones où opèrent des groupes armés. Les attaques contre les forces de sécurité béninoises en janvier et avril 2024 rappellent la vulnérabilité du pays face aux crises transfrontalières.
Pour les analystes, cette tentative de coup d’État révèle la fragilité latente d’un État qui, malgré son développement économique et sa stabilité institutionnelle relative, reste exposé à la pression de fractures internes et d’influences régionales. L’avenir immédiat du pays dépendra de la capacité du gouvernement à stabiliser l’armée, à préserver l’ordre constitutionnel et à gérer une période électorale déjà tendue.
La libération des deux officiers retenus par les mutins et le retour au calme dans la capitale ont permis un apaisement temporaire. Le président Talon a assuré que « cette forfaiture ne restera pas impunie », et les autorités ont indiqué que les responsables seraient poursuivis. Pour l’heure, la situation à Cotonou reste sous contrôle, mais les événements de dimanche 7 décembre rappellent que le Bénin, comme plusieurs de ses voisins, vit dans un environnement politique et sécuritaire où l’ordre constitutionnel peut être contesté, parfois en quelques heures seulement.
Yasmine Alemwa Ibango




