Sur les marchés internationaux, la République démocratique du Congo importe beaucoup plus qu’elle exporte ses produits.
Si ses exportations minières sont souvent mises en exergue, même si celles-ci sont encore et toujours à l’état brut, ses exportations agricoles sont de loin faibles et insignifiantes comparativement à beaucoup de pays africains et internationaux.
Selon les données de la Banque centrale du Congo, à ce jour, le volume des échanges entre la RDC et le reste du monde a progressé de 16,20 %, en glissement annuel, contre une progression de 14,20 % enregistrée à la période correspondante.
C’est dans cette optique que l’Agence Nationale pour la Promotion des Exportations, préoccupée par cette triste réalité et soucieuse d’« ouvrir la RDC au monde », a organisé pendant deux jours, soit du 31 au 01 avril 2025 à Kinshasa, un atelier d’appropriation de la Stratégie Nationale de Promotion des Exportations et Diversification, SPED, en sigle.
A cette occasion, le Directeur Général Mike Tambwe Lubemba qui a ouvert ses assises de deux jours, a vivement appelé dans la salle de Conférence de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), les cadres de ce jeune établissement public à contribuer positivement dans la mise en œuvre de la politique commerciale du pays.
Organisé sous le Haut patronage du ministère du Commerce Extérieur, cet atelier s’est voulu un moment particulier d’échanges de connaissances et d’informations entre les organes décisionnels (Conseil d’administration et Direction générale) et le personnel d’une part, et d’apprentissage de certaines connaissances auprès des experts de la SPED.

Très éloquent et pragmatique lors de son intervention, le Directeur Général Adjoint (DGA) de l’ANAPEX, le professeur Henry Gerendawele a dressé un tableau peu reluisant des exportations congolaises.
« Lorsque nous produisons davantage, nous allons maximiser la quantité d’exportations. Cependant, nous n’allons pas seulement nous concentrer sur la production et l’exportation, mais nous devons aussi veiller sur la qualité de nos produits. Nous devons surtout transformer nos produits pour avoir des valeurs ajoutées », a souligné le n°2 de l’ANAPAX qui a révélé le montant mensuel des exportations congolaises, chiffré à 16 milliards de dollars américains seulement.
A en croire ce mandataire public, la RDC est appelée à stimuler la croissance économique de PME. De ce fait, il faut renforcer la capacité opérationnelle des entreprises locales pour soutenir les demandes au niveau international.
Parlant des enjeux de l’ANAPEX et d’une possible augmentation des exportations congolaises, le DGA Gerendawele préconise la diversification des exportations et des marchés ainsi que l’intensification des échanges principaux.
« De tous les partenaires commerciaux de la RDC, la Chine prend à elle seule 66 % des exportations congolaises. Donc, si la Chine tousse aujourd’hui, la RDC tombe malade. Voilà pourquoi, il faut diversifier les partenaires pour n’est pas être dépendant de qui que ce soit et prétendre au développement », a-t-il vivement souhaité avant de ponctuer qu’« il n’y a pas de production sans investissement ».
L’intelligence des marchés étant l’une des missions de l’ANAPEX, la direction générale a cette occasion, encouragé ses agents, à identifier les producteurs (acteurs) et leurs produits, car affirme-t-elle, il faut non seulement gérer l’information, mais il faudra également la produire au besoin.
Bien que l’ANAPEX intervient dans 10 secteurs et 85 filières, il est à noter tout de même qu’il ne peut pas intervenir dans tous ces secteurs au même moment.
Comparativement à la stratégie mise en place par certains pays pour tirer plus des dividendes et s’ouvrir au monde, la RDC devrait avoir des choix.

« Compte tenu des avantages et désavantages, tout marché n’est pas lucratif pour la RDC », a fait savoir Rufin Tshimanga Tshibanda, l’un de deux experts de la SPED avec son collègue BASILA SHAKO qui ont éclairé l’assistance avec leurs utiles et bels exposés.
Selon ses deux experts, la part des exportations de la RDC à l’international est trop faible parce que, attestent-ils, la RDC a tendance à exporter plus ses produits miniers qu’agricoles.
A ce jour, le cacao est le premier produit non minier exporté par le pays la RDC qui dispose de près de 80 millions d’hectares de terres arables, 4 millions de terres irrigables pour 6300 produits identifiés.
Contrairement à d’autres pays tel que la Côte-d’Ivoire qui s’est spécialisée dans la filière du Cacao pour s’ouvrir au monde, la RDC ne mise sur aucune filière pour sa spécialité jusqu’à présent. D’où l’appel des experts, pour adopter cette stratégie qui s’est révélée payante et bénéfique pour le pays.
Hormis cette stratégie, les intervenants à cet atelier, ont émis le vœu de voir les investissements publics augmenté puisque selon eux, les privés sont souvent butés à des coups de transport et conservation très élevés pour exporter leurs produits compte tenu de voies d’acheminements très compliqués.

Co-animé par mesdames Kendele (animatrice du débat scientifique) et Espérance Tshibuabua (sous-directeur des Systèmes d’information), cet atelier de deux jours qui a également connu un jeu de questions et réponses a été un véritable moment d’appropriation de la SPED par l’ensemble du personnel de l’ANAPEX.
Le comité de gestion de l’ANAPEX a émis ses vœux de voir à la fin de cet atelier, chaque direction de l’entreprise, en ce qui la concerne, être capable de convertir des recommandations et différentes résolutions en feuilles de route pour la bonne marche de la société.
Toutefois, il faudra que toutes les structures concernées par le commerce extérieur en République démocratique du Congo, chacune en ce qui la concerne, joue également sa partition pour l’essor des exportations congolaises.
Richardo Ngoyi