La Ministère de l’Education nationale annonce l’introduction d’une épreuve orale d’anglais à l’Examen d’État dès 2026. Cette mesure illustre la volonté du gouvernement de renforcer l’ouverture linguistique de la jeunesse et d’adapter le système éducatif aux standards internationaux.

Si l’apprentissage de l’anglais peut constituer un atout pour l’insertion professionnelle et la participation à la scène mondiale, par contre plusieurs questions restent néanmoins en suspens. Comment garantir que cette réforme bénéficiera réellement à tous les élèves, dans un pays où l’accès aux ressources pédagogiques varie fortement entre zones urbaines et rurales ?
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté souligne que la réussite de la réforme passera par la mise à niveau des enseignants, la révision des programmes scolaires et l’adaptation du système éducatif. Sans doute, dans un accompagnement rigoureux, l’anglais pourrait rester un outil élitiste plutôt qu’un vecteur d’égalité des chances.
Rappelons que lors de la 43ᵉ session de la Conférence générale de l’UNESCO, la ministre d’État Raïssa Malu a présenté les grandes lignes de la transformation du système éducatif congolais. Elle a insisté sur :
-la numérisation de l’éducation et la certification numérique des diplômes ;
-l’enseignement à distance, destiné aux zones rurales et aux apprenants vulnérables ;
-la refondation des programmes scolaires, intégrant citoyenneté, durabilité et inclusion ;
-la formation continue des enseignants, pour améliorer la qualité pédagogique sur l’ensemble du territoire.
Ces mesures traduisent une volonté de moderniser l’enseignement congolais et de préparer les jeunes aux défis du XXIᵉ siècle. Mais, elles nécessitent également la question de la capacité du système à absorber ces changements, notamment en termes de matériels et de ressources humaines.
Selon les experts, l’introduction d’une langue étrangère ne peut être dissociée du développement technique et scientifique. Le directeur général de l’ISPT-Kinshasa, Albert Yenga-Yenga, rappelle que « l’on n’importe pas une langue sans importer la culture et la technologie qui l’accompagnent ». L’apprentissage de l’anglais pourrait ainsi devenir un outil pour renforcer les compétences techniques des jeunes, mais seulement si l’école et les enseignants sont suffisamment préparés.

L’introduction de l’anglais à l’Examen d’État représente un pas symbolique à l’ouverture et à la modernisation du système éducatif congolais. Toutefois, le succès de cette réforme dépendra largement de la mise à niveau progressive du corps enseignant, de l’adaptation du programme et de la disponibilité des ressources pédagogiques.
Au cas contaire, l’initiative risque de rester partielle et de renforcer les inégalités existantes, plutôt que de constituer une véritable opportunité pour tous les élèves.
Yasmine Alemwa Ibango




