Kinshasa/Tribunal militaire : une adjudante jugée pour violation des consignes militaires après la diffusion d’une vidéo sur TikTok

Le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe a tenu, ce lundi, une audience publique dans le cadre d’un procès en flagrance visant l’adjudante Blanche Sarah Ebabi Bongama, secrétaire adjointe du département de sécurité militaire à l’état-major du renseignement des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

L’adjudante est poursuivie pour violation des consignes contenues dans un télégramme du chef d’état-major général, daté du 23 décembre 2021, interdisant toute publication en ligne de contenus mettant en scène des personnels en tenue militaire. Le texte en question proscrit strictement aux militaires de s’afficher sur les réseaux sociaux en uniforme, de diffuser des selfies, vidéos ou documents à caractère opérationnel, ainsi que tout contenu susceptible de porter atteinte à « l’honneur, et à la dignité ou à la crédibilité » des FARDC.

Selon le ministère public, représenté par le sous-lieutenant magistrat Ghislain Lisalama, la prévenue aurait contrevenu à ces instructions en se laissant filmer et photographier le 19 octobre dernier, dans un studio du boulevard Sendwe, quartier Matonge (commune de Kalamu).

Dans ces images, l’adjudante apparaît en tenue réglementaire, arborant ses insignes, échangeant des gestes d’affection avec son mari, en prélude à leur mariage religieux prévu le 30 octobre.

Les vidéos, mises en ligne sur le réseau social TikTok via un compte dénommé Koli, sont rapidement devenues virales, suscitant l’émoi dans les rangs de l’armée congolaise.

Pour le ministère public, il s’agit d’un « comportement indigne d’un sous-officier » et d’une violation grave des consignes, passible de sanctions pénales exemplaires.

« Ce genre de publication ternit l’image de l’armée et compromet la discipline militaire », a déclaré le magistrat Llama à la barre.

À la défense, l’adjudante Ebabi a reconnu avoir organisé une séance photo privée avec son mari dans le studio incriminé, avant de nier toute responsabilité dans la diffusion des images.

« C’est moi qui ai commandé les photos pour les envoyer à ma famille au Brésil. Je n’ai jamais autorisé leur publication. J’ai moi-même contacté le studio pour demander le retrait immédiat de la vidéo », a-t-elle expliqué.

Son avocat, le sous-lieutenant défenseur militaire Alpha Anangame, a demandé la comparution du gérant du studio Raus, un certain Yann, afin d’éclairer le tribunal sur les circonstances exactes de la fuite.

Le major Safari Christian, président du tribunal, a ordonné la suspension de l’audience jusqu’au mardi 28 octobre à 9h, pour permettre la comparution du responsable du studio en qualité de renseignant.

En attendant, le ministère public maintient la procédure de flagrance, rappelant que « ce sont les faits eux-mêmes qui parlent ».

Cette affaire, largement commentée au sein de la communauté militaire, illustre la volonté de la hiérarchie des FARDC de réaffirmer la discipline numérique au sein des troupes.

Elle vise aussi à sensibiliser les personnels militaires féminins, de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, aux risques disciplinaires et sécuritaires liés à la diffusion non contrôlée d’images en uniforme.

Yasmine Alemwa Ibango

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