Le face-à-face entre le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, et la jeunesse congolaise, organisé le 13 décembre 2025 au stade Tata Raphaël, se voulait un moment de dialogue direct et sans intermédiaire. Présentée comme l’aboutissement des Consultations nationales de la jeunesse et du Village des Opportunités, la rencontre a réuni près de 3 000 jeunes venus interpeller le Chef de l’État sur leur place et leur avenir dans la société congolaise.
Dans un pays où la jeunesse constitue la majorité de la population, l’initiative revêt une forte portée symbolique. Elle traduit une volonté affichée de rapprocher l’État de cette frange stratégique de la société. Mais au-delà du symbole, les échanges ont surtout révélé des préoccupations profondes, liées aux difficultés structurelles que rencontrent les jeunes au quotidien.
La question de l’emploi s’est imposée comme centrale. Chômage des diplômés, précarité persistante et absence de perspectives claires alimentent un sentiment de frustration largement partagé. Si l’entrepreneuriat est souvent présenté comme une solution, de nombreux jeunes soulignent le manque d’accompagnement, l’accès limité aux financements et un environnement économique peu favorable. La demande porte sur des politiques d’insertion professionnelle concrètes, mesurables et équitables.
Au fil des interventions, une autre exigence s’est dégagée : celle de la dignité et de la reconnaissance. La jeunesse ne réclame pas seulement du travail, mais le respect et une place réelle dans les processus de décision. Plusieurs voix ont exprimé un rejet de l’instrumentalisation politique et une aspiration à être considérées comme des acteurs à part entière du développement national.
Les échanges ont également mis en lumière la fracture persistante entre Kinshasa et les provinces. Insécurité, enclavement et manque d’opportunités continuent de marquer le quotidien de nombreux jeunes à l’intérieur du pays. Cette réalité pose la question de l’efficacité des politiques nationales pensées sans une prise en compte suffisante des spécificités territoriales.
La formation et l’employabilité ont enfin occupé une place importante dans les débats. Le décalage entre les formations dispensées et les besoins du marché du travail demeure une source majeure de chômage et de découragement. Une réforme du système éducatif, davantage orientée vers les compétences et la formation professionnelle, apparaît comme une attente forte.
Ce face-à-face a ainsi révélé une jeunesse lucide, exigeante et consciente des enjeux nationaux. Si l’écoute présidentielle constitue un signal politique, elle ne pourra produire d’effet durable que si elle se traduit par des actions concrètes. Pour la jeunesse congolaise, l’enjeu n’est plus de parler, mais de voir enfin des résultats.
Yasmine Alemwa Ibango




