Éducation : ce que Tshisekedi promet pour 2026

Devant les élus réunis au Palais du Peuple, le Président Félix Antoine Tshisekedi a présenté une série d’engagements ambitieux visant à transformer le système éducatif congolais. Son discours met en avant des innovations technologiques, des programmes de construction et des réformes administratives, tout en soulevant de nombreuses interrogations concernant la faisabilité, le financement et la cohérence générale de ces projets.

Le Chef de l’État a d’abord mis l’accent sur les progrès technologiques réalisés dans la gestion de l’examen d’État. Il a présenté la correction digitalisée recourant à l’intelligence artificielle et le diplôme électronique sécurisé via la blockchain comme des avancées majeures, symboles d’une volonté de moderniser un système longtemps critiqué. Si ces innovations marquent un véritable changement de paradigme, leur déploiement reste encore limité et dépend fortement d’infrastructures techniques souvent insuffisantes, notamment en matière de connectivité et de capacités informatiques.

Le Président a ensuite annoncé la construction de plus de 1 000 écoles en 2026 dans le cadre du PDL 145 territoires, accompagné de l’ouverture de quatre grands instituts de formation des enseignants et de la numérisation de la chaîne de paie via une carte biométrique multifonctionnelle. Ces promesses, bien qu’ambitieuses, reposent sur plusieurs conditions essentielles : la disponibilité des ressources financières, la capacité de l’administration à exécuter rapidement les projets, et l’amélioration réelle de la qualité de l’enseignement. Sans ces éléments, le risque demeure de multiplier les infrastructures sans garantir un encadrement qualifié ou des équipements adéquats.

Le secteur de l’enseignement supérieur n’a pas été épargné par cette dynamique d’annonces. Le Chef de l’État a évoqué les travaux déjà réalisés dans plusieurs villes ainsi que le lancement de quatorze nouvelles universités en 2026, présentées comme des campus intégrés et modernes. Toutefois, sur le terrain, plusieurs établissements peinent encore à fonctionner correctement, avec des bâtiments inachevés, un manque d’équipements pédagogiques et des conditions de vie difficiles pour les étudiants et les enseignants. La capacité réelle du pays à absorber et à entretenir de nouvelles universités reste donc une question ouverte.

Le Président a également souligné des mesures sociales, notamment la réduction des frais pour les étudiants en situation de handicap et le développement de l’enseignement à distance. Malgré cela, des obstacles structurels persistent, tels que la faiblesse du réseau électrique dans plusieurs provinces, les inégalités territoriales qui freinent l’accès à un enseignement numérique, ainsi que les revendications récurrentes du corps enseignant sur les salaires et les conditions de travail.

Le discours de Félix Tshisekedi dessine une vision ambitieuse d’un système éducatif modernisé, numérique et mieux structuré. Cependant, la réalisation concrète de ces promesses dépendra de la capacité de l’État à mobiliser les ressources nécessaires, à assurer un suivi rigoureux et à garantir la qualité de l’enseignement sur tout le territoire.

L’année 2026 sera déterminante pour mesurer si ces annonces pourront véritablement se traduire en résultats tangibles pour les élèves, les étudiants et le pays dans son ensemble.

Yasmine Alemwa Ibango

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