« LA JUSTICE DOIT ÊTRE GUÉRIE », ce mot d’ordre lancé lors des États généraux de la justice trouve un écho significatif dans l’affaire siégeant devant la Cour de cassation.
En effet, le mercredi 13 août, l’ancien ministre d’État et garde des Sceaux, Constant Mutamba, a livré un plaidoyer chargé d’émotion. Accusé d’avoir détourné 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani, il risque dix ans de travaux forcés.
Selon le ministère public, l’ex-ministre a contourné la loi en attribuant le marché à Zion Construct, une société fictive, dépourvue de siège et de garanties, en recourant au gré à gré plutôt qu’à un appel d’offres régulier.
Les magistrats estiment que l’infraction est constituée dès le transfert des fonds du compte du ministère vers celui de cette société fictive.
Constant Mutamba, rejette catégoriquement ces accusations, en disant :
« Je n’ai jamais pris un seul dollar de l’État. On m’a poussé à démissionner, on m’a poussé à fuir, j’ai refusé. Parce que partir aurait donné l’image d’une justice politisée. Aujourd’hui, cette justice que j’ai servie avec tant d’amour m’a tout arraché : mon honneur, ma crédibilité, ma dignité… »
Comparant son procès à ceux de Mandela, Lula ou Lumumba, il se présente comme une victime d’un système qu’il accuse d’être gangrené par les interférences politiques.
Le verdict tombera le 27 août. Qu’il soit acquitté ou condamné, cette affaire restera comme l’un des symboles du malaise profond que traverse l’appareil judiciaire congolais. Un malaise que le slogan officiel se justifie par : « la justice doit être guérie » et vite.
Yasmine Alemwa Ibango